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La citoyenneté en 2016, entre promesses et menaces - Newsletter Participation citoyenne 06/2016

Citizenship newsletter
June 2016

Grèves, tensions démocratiques et mouvements sociaux d’un côté ; référendums, innovations sociales et initiatives citoyennes numériques de l’autre. L’actualité brosse un tableau mitigé : que veut dire être citoyen en 2016 ? À la lumière de quelques exemples clés, cette newsletter offre la possibilité de mieux saisir et, par là même, nuancer les mutations en cours.

Le 23 juin, les Britanniques devront s’exprimer sur le maintien de leur pays dans l’Union européenne. Sur les conséquences du Brexit, les experts mènent la guerre des chiffres et les politiciens la guerre des discours, à coups d’articles et d’interviews dans les médias. Le défi cognitif est (trop) grand. Mais, au-delà de conforter ou non la position de D. Cameron au pouvoir, ce référendum permettra de faire porter la responsabilité de la décision aux citoyens, quelles qu’en soient les retombées. Tout le problème réside dans le fait que la question posée est fermée, ne laissant pas de place à la nuance. Que veulent réellement les citoyens ? 
« Presque partout […] l'opération de prendre parti, de prendre position pour ou contre, s'est substituée à l'obligation de la pensée », mettait en garde Simone Weil.

En Suisse, la question du revenu de base a également été soumise au référendum. La réponse fût claire : 23,1% pour et le reste contre. Mais, là encore, les conséquences sont si incertaines et les idéologies si implantées, qu’un choix éclairé semble illusoire. La majorité a-t-elle toujours raison ? En avril 2015, selon l’IPSOS, 52% des Français étaient favorables à la peine de mort…

Si POUR LA SOLIDARITÉ soutient fermement les initiatives qui vont dans le sens d’une démocratie plus directe, comme celle que mène le maire de Mexico en « crowdsourçant » l’écriture de la Constitution, nous voulons également mettre en garde contre celles qui dévoient la notion même de citoyenneté.

Les outils numériques tels que les civic-tech permettent à des mouvements de se structurer et à des opinions de s’exprimer. Une pétition contre la « loi travail » obtient plus d’un million de signatures sur la plateforme Change.org et attire l’attention médiatique sur la contestation. Mais comment se définit l’acte citoyen entre un like, une signature électronique et une action sociale et politique réellement engagée ? Internet semble être un nouvel espace d’expression sans contrainte. Mais la concentration d’audience y est encore plus forte que dans les médias traditionnels. Les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) et quelques autres dictent-ils déjà les règles du jeu, possesseurs du nouvel or noir que représente le big data ? Les mouvements comme Nuit Debout contestent et semblent réveiller un activisme politique endormi, mais la tyrannie de l'absence de structure qu’ils revendiquent, et que dénonçait déjà Jo Freeman, activiste américaine dans les années 70, ne sera-t-elle pas la cause de leur délitement ?

Face à ces constats, PLS n’apporte pas LA réponse, mais bien des éléments de réponse, avec pour devise « Comprendre pour Agir ».

Solidairement vôtres,

Marie Leprêtre et Denis Stokkink