Les conclusions du sommet social de Porto
Les 7 et 8 mai 2021, a eu lieu le sommet social de Porto qui fait partie des dispositions prises par le Premier Ministre portugais pour mettre en œuvre ses ambitions sociales pour l’Europe. L’enjeu était de concrétiser le Plan d’action de la Commission européenne pour le Socle européen des droits sociaux. Est donc venu le moment de tirer les conclusions de ce sommet...
Selon le Premier Ministre portugais, Antònio Costa, le sommet fut un succès. En effet, les chef∙fe∙s d’État et de gouvernement ont adopté la déclaration de Porto sur les affaires sociales. De plus, la présence virtuelle du premier ministre indien Narendra Modi a permis de resserrer les liens de l’Europe avec l’Inde, et de réengager les négociations pour un accord de libre-échange.
On peut cependant s’interroger sur le lien entre les rapports commerciaux indo-européens et les droits sociaux des citoyen∙ne∙s de l'UE... Par ailleurs, alors que le programme prévoyait que la première journée soit consacrée aux thématiques de l’emploi, des compétences, de l’innovation du bien-être et de la protection sociale, ce sont surtout le COVID-19 et les relations internationales qui ont été au centre des discussions.
Qu’en est-il donc des affaires sociales ?
Les négociant∙e∙s ont signé la mise en œuvre du socle européen des droits sociaux. En effet, en mars 2021, la Commission a élaboré un Plan d’action pour la mise en œuvre du socle. Ce Plan propose des objectifs à atteindre d’ici 2030 : un taux d’emploi de 78% dans l’Union européenne, 60% des adultes participant à des formations et réduire de 15 millions les personnes concernées par l’exclusion sociale. Il n’a cependant pas été décidé de mesures contraignantes pour arriver à ces objectifs.
Lors de la deuxième journée, les chef∙fe∙s d’État et de gouvernement ont concentré leurs discussions sur les affaires sociales, notamment en abordant la manière d’assurer l’inclusivité du fond de relance en se concentrant sur l’éducation et les compétences. Cependant les seuls engagements concrets furent signés la veille, et donc avant ces discussions sur les affaires sociales.
Quel est le contenu de la déclaration de Porto ?
La déclaration est composée de 13 points qui affirment l’engagement des États membres à se tourner vers une Europe sociale. Les signataires s’engagent notamment à faire preuve de solidarité en réponse à la pandémie, à faire des efforts pour lutter contre les discriminations, à réduire les écarts entre les hommes et les femmes en termes de salaires, d’emploi et de pension, et à lutter contre l’inégalité et l’exclusion sociale. Les chef∙fe∙s d’État et de gouvernement déclarent également qu’iels mettront en œuvre des politiques afin d’améliorer l’emploi et l’éducation, et que les transitions écologique et digitale se fassent de manière équitable. Iels ont également proposé d’élaborer des indicateurs afin de mesurer les progrès socio-économiques et environnementaux afin que la détermination du PIB ne soit pas le seul critère de croissance.
Des présences virtuelles stratégiques ?
L’enjeu d’un sommet social est de faire discuter les dirigeant∙e∙s européen∙ne∙s de sujets sociaux en les mettant dans une même salle. Or, bien que tous les dirigeant∙e∙s étaient officiellement présent∙e∙s, certain∙e∙s ont choisi de se limiter à une présence virtuelle, comme la Chancellière allemande Angela Merkel et le Premier Ministre hollandais Mark Rutte, des dirigeant∙e∙s qui ont tendance à se positionner en défaveur de provisions sociales lors des négociations. Il est donc permis de se questionner sur la possibilité de choisir une présence virtuelle afin de dégrader la qualité des négociations et d’éviter des sujets sensibles de discussion...
En savoir plus:
Le plan d’action de la Commission européenne
Le socle européen des droits sociaux
La déclaration de Porto sur les affaires sociales
© Photo provenant de la Commission européenne (Photo Library)