Le Centre des jeunes dirigeantes et dirigeants de l’économie sociale et solidaire (CJDES) a fêté ses 40 ans le mardi 3 juin 2025. A cette occasion, le président du Centre, Charles Bozonnet, est revenu sur le constat que les jeunes sont peu attiré·e·s par l’économie sociale et propose des solutions dans une Tribune.
La faible présence des jeunes dans l’économie sociale
Le constat est sans appel : en 2023 selon une étude réalisée par l’Institut National de la jeunesse et de l’éducation populaire, seul·e·s 17 % des salarié·e·s de l’économie sociale et solidaire ont moins de 30 ans. Côté gouvernance, c’est encore plus frappant : à peine 4 % des président·e·s d’associations ont moins de 30 ans.
Pour Charles Bozonnet, plusieurs facteurs expliquent ce déficit : d’abord, l’écart salarial. Les rémunérations dans l’économie sociale restent en moyenne inférieures de 17 % par rapport aux autres secteurs, un frein de taille pour des jeunes confronté·e·s à la hausse du coût de la vie, à la précarité et à l’endettement étudiant.
Autre obstacle : un décalage entre les attentes des nouvelles générations et le fonctionnement traditionnel des organisations. Les jeunes recherchent plus de participation aux décisions, une éthique du management et un équilibre vie professionnelle/vie personnelle, des dimensions parfois encore en chantier dans l’ESS.
Enfin, l’engagement des jeunes évolue. S’iels restent mobilisé·e·s, notamment via le bénévolat ponctuel, iels se détournent des formes classiques de responsabilité, jugées lourdes et peu accessibles.
Quelles solutions pour rendre l’ESS attractive ?
Face à cette situation, le CJDES appelle à un véritable plan d’action. Parmi les pistes proposées : instaurer un quota de 20 % de jeunes de moins de 30 ans dans les conseils d’administration des grandes associations, nommer des référent·e·s jeunesse dans les structures de plus de 50 salarié·e·s, ou encore intégrer systématiquement des modules sur la prise de responsabilité et l’éthique du management dans les formations ESS.
Autre levier : faciliter la conciliation entre engagement bénévole et emploi, par exemple via un congé dédié. Enfin, il s’agit aussi de rendre visibles les parcours de jeunes dirigeant·e·s et de valoriser leur engagement, à travers des événements et des campagnes de communication ciblées.
Réinventer l’ESS avec la jeunesse
Si l’ESS veut rester une alternative crédible et désirable face aux modèles économiques classiques, elle doit s’ouvrir davantage aux jeunes et leur donner les moyens d’agir, conclut Charles Bozonnet. Il s’agit d’un appel à transformer les pratiques pour faire de l’économie sociale et solidaire un vrai levier d’émancipation pour la nouvelle génération.