Le modèle coopératif: un modèle à mieux valoriser en Europe

Publié fin octobre 2025, un rapport de la Confédération européenne des coopératives industrielles et de services. (CECOP) met en avant la viabilité et la durabilité du modèle coopératif, capable de fournir des emplois de qualité dans les pays européens.

Contrairement aux entreprises traditionnelles, les coopératives mêlent performance économique et progrès social grâce à leur mode de gouvernance démocratique par les travailleur·euse·s.

Les coopératives comme garantes d’emplois de qualité

Reposant sur un modèle d’entreprise fondamentalement centré sur l’humain, la démocratie et la stabilité, les coopératives offrent une infrastructure interne solide, évolutive et adaptable, propice à un travail équitable et durable. Alors que l’Union européenne met en place sa feuille de route pour des emplois de qualité, les coopératives industrielles et de services démontrent qu’il est possible de concilier performances économiques et progrès social en s’appuyant sur des principes d’équité, d’inclusivité et de solidarité.

Au cœur du modèle coopératif se trouve la démocratie sur le lieu de travail. Ce point permet aux travailleur·euse·s de participer activement aux décisions, d’assurer leur propre dignité et de bénéficier d’une réelle appropriation des résultats de l’entreprise. A cela s’ajoute la stabilité de l’emploi avec de nombreux contrats durables et des écarts salariaux réduits. Selon le rapport, le modèle coopératif est un modèle résilient face aux crises. Beaucoup d’entre elles ont par exemple mieux résistées à la crise du Covid-19, en comparaison à d’autres types d’entreprises.

Par le biais des reprises d’entreprises par les salarié·e·s (Workers’ buyouts), les coopératives préservent à la fois des emplois, des savoir-faire et un tissu économique local.

Ainsi, elles représentent un modèle humain, durable et surtout aligné sur les ambitions européennes.

Des limites structurelles persistantes

Le rapport aborde également les freins à leur développement.

Le premier obstacle important est relatif à un manque de reconnaissance juridique et politique. Ceci s’explique par une fragmentation des cadres législatifs et une visibilité insuffisante qui rendent la compréhension du modèle coopératif plus compliqué.

Le manque de reconnaissance est aussi alimenté par des difficultés d’accès aux financements et une implémentation inégale du Plan d’Action pour l’économie sociale. En effet, les coopératives sociales, bien qu’essentielles à l’inclusion et aux services de proximité, restent souvent exclues des politiques de soutien aux PME et pénalisées par des règles de marchés publics centrées sur le coût plutôt que sur la valeur sociale.  De leur côté, les coopératives de travailleurs autonomes font face à une ambiguïté juridique et à des cadres administratifs relativement rigides qui ne reconnaissent pas leur nature hybride, les privant de fait de protections et d’aides adaptées.

Quelles recommandations?

La CECOP appelle donc la Commission européenne à reconnaitre pleinement le modèle coopératif comme un pilier réellement essentiel de la future feuille de route pour des emplois de qualité. Ses recommandations visent à lever les barrières légales, financières et institutionnelles qui freinent le développement des coopératives industrielles et de services tout en intégrant leurs valeurs de démocratie au travail, d’équité et de durabilité dans les politiques européennes.

La CECOP recommande de reconnaitre l’appropriation par les travailleur·euse·s comme forme d’emploi de qualité et d’adopter des cadres juridiques pour favoriser la création et la croissance des coopératives, y compris celles des travaielleur·euse·s autonomes.

A cela s’ajoute aussi l’accès à un financement adapté, un soutien à la formation et l’intégration d’indicateurs coopératifs (salaires équitables, démocratie au travail, cohésion sociale) dans la feuille de route.

Enfin, elle plaide pour une réforme des marchés publics fondée sur des critères sociaux et environnementaux renforcés afin de promouvoir des emplois durables et inclusifs.

 

Ainsi, le rapport de la CECOP montre explicitement que les coopératives industrielles et de services sont un levier essentiel pour bâtir une économie européenne plus juste, démocratique et résiliente. L’Union européenne doit, en ce sens, mieux reconnaitre et soutenir ce modèle fondé sur des valeurs sociales et solidaires pour garantir des emplois de qualité. 

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