A l’été 2025, la Commission européenne a proposé un nouveau budget pour la période 2028-2034, annonçant une somme de 100 milliards d’euros pour les dépenses sociales. Cependant, pour de nombreuses organisations européennes, les garanties ne sont pas claires et les fonds prévus risques de ne pas profiter aux personnes qui en ont le plus besoin.
Le 9 octobre 2025, une cinquantaine d’organisations (ONGs, associations, réseaux d’entreprises sociales) ont cosigné une déclaration commune “100 billion Euros for social spending? The devils in the details”. Celle-ci est directement adressée à la Commission, au Parlement et au Conseil de l’UE.
Un constat alarmant
La proposition de la Commission se veut ambitieuse: règlements harmonisés, simplification des suivis, flexibilité plus importante…
Cependant, lorsque l’on se penche sur le texte, les dépenses allouées, une fois corrigée de l’inflation, constituent une diminution par rapport au Fonds Social Européen + (FSE+) actuel. Ces dernières doivent couvrir non seulement les politiques sociales classiques mais aussi 40% des investissements en infrastructures sociales (écoles et hôpitaux par exemple), autrefois financés par d’autres fonds spécifiques.
Le constat est le suivant: les moyens concrets pour les personnes vulnérables diminuent et l’on assiste à une dilution inquiétante de l’impact social du budget européen.
Les signataires dénoncent également la disparition des mécanismes contraignants. Avant le FSE+ imposait des pourcentages minimums pour certaines priorités sociales (à l’instar des 25% pour l’inclusion, 5% pour l’enfance et 3% pour l’aide aux plus précaires). Ces règles assuraient un réel engagement des Etats envers les plus fragiles. Leur suppression créé un vide, laissant place à des choix budgétaires dictés par des priorités nationales et non sociales.
Le regroupement de plusieurs autres fonds européens sous une gestion unifiée affaiblit le rôle des collectivités locales et des ONGs, Ces derniers connaissent réellement les besoins concrets des populations (pauvreté, chômage, accès aux services etc). Les projets financés risquent d’être moins ciblés et donc moins efficaces.
Après une analyse minutieuse, les conclusions tirées par les organisations sont relativement préoccupantes. Les principes de solidarité et d’inclusion qui devraient guider l’action sociale européenne semblent disparaitre. Si l’Union européenne souhaite réellement tenir ses engagements en matière de justice sociale et de lutte contre la pauvreté, elle doit garantir un financement adéquat, protégé par des règles claires, en lien avec les acteurs des territoires concernés. Sans cela, les objectifs sociaux resteront purement symboliques.