Un regard critique et documenté
L’étude propose une analyse accessible et critique du rôle que l’économie sociale peut jouer face aux défis posés par l’économie globalisée. Elle examine les limites du modèle actuel et encourage le secteur à réaffirmer sa vocation politique et sociale.
À travers des exemples historiques, des témoignages et des entretiens – notamment avec l’économiste français Robert Boyer et Olivier De Schutter – les auteur·trice·s interrogent les tensions internes du secteur. Iels appellent à une économie sociale plus ambitieuse, capable de contribuer à des transitions démocratiques, sociales et écologiques.
ESS et jeunesse : urgence de (re)politiser les nouvelles générations
L’un des constats phares de la publication réside dans la nécessité d’impliquer davantage la jeunesse dans le projet de l’économie sociale. Lors d’un entretien réalisé pour l’étude, Robert Boyer insiste sur un double défi : d’une part, éveiller l’intérêt des jeunes pour les alternatives économiques, et d’autre part, leur transmettre les clés d’une lecture politique critique.
Selon lui, si l’urgence écologique mobilise fortement, elle se construit trop souvent sur un mode défensif – « sauver la planète » – sans projeter d’horizon collectif désirable ni utopique. Or, « il n’y a pas d’individus hors-sol : le social, les solidarités, les institutions sont aussi au cœur de la viabilité de nos sociétés ».
Boyer déplore ainsi la perte de culture politique chez les jeunes générations. Beaucoup expriment leur colère ou leur indignation, mais peinent à transformer ces émotions en action politique structurée, à défaut de formation et d’espaces de débat adaptés. Une situation aggravée par le vieillissement des partis et le désenchantement électoral, particulièrement marqué chez les jeunes.
Recommandation clé : sensibiliser, former, donner des perspectives
Face à ce constat, l’une des recommandations fortes de SAW-B est claire : il est essentiel de mieux sensibiliser les jeunes aux enjeux de l’ESS, non seulement en vantant ses actions concrètes, mais surtout en ravivant sa portée politique. L’ESS ne doit pas être perçue comme une simple réponse technique ou sectorielle, mais comme un levier global de transformation sociale.
Cela implique de réinvestir les lieux d’éducation, les mouvements citoyens et les espaces de participation pour renforcer la capacité des jeunes à comprendre les mécanismes économiques et à imaginer collectivement des alternatives désirables et justes.
Ainsi, cette publication rappelle que l’économie sociale et solidaire ne pourra peser face aux crises qu’à condition de se politiser pleinement, d’assumer sa dimension subversive et de s’ouvrir à la jeunesse. Car c’est avec, et grâce à, ces nouvelles générations que pourra émerger un projet économique réellement porteur d’avenir.